Le gouvernement camerounais a officiellement lancé sa première Stratégie Nationale d’Intelligence Artificielle (SNIA), posant ainsi les bases d’un cadre global destiné à renforcer les capacités nationales en IA dans des secteurs clés, et à positionner le pays comme un leader régional de l’innovation technologique à l’horizon 2040.
Présentée par la Ministre des Postes et Télécommunications, Minette Libom Li Likeng, cette stratégie a été dévoilée lors de la deuxième édition des Consultations nationales sur l’intelligence artificielle (CICI). Elle propose une vision à long terme de l’intégration de l’IA dans la gouvernance, les infrastructures, l’éducation et le développement économique, en s’appuyant sur les principes de souveraineté, d’inclusion et de durabilité.
La stratégie s’organise autour de sept piliers stratégiques :
- Gouvernance et souveraineté numérique : création d’une Autorité d’IA nationale et d’un Conseil présidentiel sur l’IA, accompagnés d’un cadre juridique pour encadrer l’éthique, la réglementation et la coordination interministérielle.
- Données et infrastructures : élaboration d’un lac de données étatique, numérisation massive des services publics, normes nationales d’interopérabilité et politique de données ouvertes pour faciliter l’implémentation de solutions IA à grande échelle.
- IA multilingue et inclusive : développement d’un grand modèle linguistique souverain, « GPT Cameroun », intégrant les langues locales et nationales grâce à la collecte de données vocales et à la recherche linguistique.
- Infrastructure technologique souveraine : déploiement de 15 nœuds de calcul avancés, alimentés par des micro-réseaux solaires, pour garantir une capacité de traitement résiliente et accessible sur l’ensemble du territoire.
- Capital humain et recherche : formation annuelle de 4 000 personnes, création de cinq centres d’excellence en IA, et mise en place d’un programme d’attractivité des talents issus de la diaspora, avec un appui accru à la recherche locale.
- Innovation et cas d’usage sectoriels : promotion de l’IA dans les secteurs de la santé, de l’agriculture, de l’éducation et de la justice, avec des dispositifs de soutien aux start-ups et des programmes d’innovation sectorielle.
- Coopération régionale et internationale : mise en place d’un réseau régional d’IA pour l’Afrique centrale et développement de mécanismes pour exporter les outils d’IA développés localement sous la marque « Made in Cameroon ».
Le gouvernement prévoit que la mise en œuvre de cette stratégie pourrait générer 12 000 emplois directs et faire croître la contribution de l’IA au PIB national de 1,2 % d’ici 2040.
Selon les autorités, cette initiative incarne l’ambition du Cameroun de faire de l’intelligence artificielle un levier stratégique pour améliorer les services publics, renforcer la souveraineté numérique et stimuler la croissance industrielle, tout en assurant une adoption éthique, inclusive et culturellement pertinente.
La SNIA constituera le socle des investissements intersectoriels, des réformes institutionnelles et des partenariats internationaux qui accompagneront la construction d’une économie numérique durable et inclusive.