Kenya : Nairobi, nouveau centre de création de contenus numériques

Au Kenya, où les emplois de bureau se font de plus en plus rares, les jeunes se tournent vers la création de contenu et la photographie comme moyen de subsistance. Grâce aux plateformes comme TikTok, Instagram et YouTube, ils parviennent à se faire une place dans ce secteur en plein essor.

Le dimanche, des groupes de jeunes se retrouvent pour créer du contenu. En dansant de manière coordonnée, ils partagent ensuite leurs vidéos sur ces plateformes, espérant toucher un large public.

Avec 35 % de la population kényane âgée de 15 à 34 ans et un taux de chômage atteignant 67 % parmi cette tranche d’âge, de nombreux jeunes n’ont d’autre choix que de se tourner vers les réseaux sociaux pour gagner de l’argent.

Pour Vincent Otieno, 22 ans, la création de contenu est une source de revenus essentielle. Lui et son groupe de six danseurs, originaires des bidonvilles de Nairobi, gagnent de l’argent grâce aux pourboires sur TikTok, aux publicités sur YouTube, et aux performances en direct. Chaque membre du groupe gagne environ 120 dollars par mois.

« Publier sur Instagram, TikTok et YouTube me permet de gagner environ cent dollars par mois. Ce n’est pas énorme, mais c’est mieux que rien », explique Vincent.

Caycee Achieng Mboya, 25 ans, mannequin de mode urbaine et influenceuse sur TikTok, avec plus de 200 000 abonnés, considère les réseaux sociaux comme un véritable métier. Elle utilise son compte pour promouvoir des produits pour ses clients.

En 2022, le gouvernement du comté de Nairobi a supprimé les autorisations commerciales pour les photographes et cinéastes, rendant obsolètes les licences auparavant nécessaires. Cela a facilité l’accès à la profession et donné un coup de pouce à ceux qui cherchent à se lancer.

Le trio dynamique d’Angeline Muema, Trisha Pangie et Cecilia Nyambura, toutes âgées de 20 ans, a commencé à créer du contenu sur TikTok depuis un an. Angeline, étudiante, doute de pouvoir trouver un emploi de bureau après ses études et préfère se concentrer sur la création de vidéos pour générer des revenus. Le trio gagne en moyenne 600 dollars par mois en interagissant avec leurs fans.

Mark Maranga, 25 ans, danseur et diplômé en soins infirmiers, a lui aussi choisi la voie des réseaux sociaux après avoir eu du mal à trouver un emploi stable. Pour lui, cette activité est non seulement une source de revenus, mais aussi un moyen de détourner les jeunes des vices sociaux.

« Les jeunes qui s’engagent dans la danse et la création de contenu peuvent se détourner des mauvaises influences. L’argent qu’ils gagnent, même modeste, leur permet de nourrir leurs familles », explique-t-il.

Pour de nombreux jeunes Kényans, la création de contenu sur les réseaux sociaux est devenue un refuge, leur offrant des opportunités et des moyens financiers dans un marché de l’emploi peu favorable.