Comment l’Afrique se positionne face à l’intelligence artificielle

Selon les experts, l’Afrique a besoin de politiques et d’infrastructures efficaces pour prospérer grâce à l’Intelligence artificielle

L’Afrique a besoin de politiques de soutien et d’infrastructures robustes pour exploiter les opportunités illimitées de l’Intelligence artificielle et accélérer son développement, ont déclaré les experts.

Lors d’une table ronde intitulée « Favoriser la prospérité grâce aux politiques d’intelligence artificielle en Afrique », organisée en marge de la 56ᵉ session de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique (COM), les experts ont convenu que l’intelligence artificielle (IA) offre d’énormes opportunités de développement pour l’Afrique. Cependant, pour en tirer pleinement parti, des politiques adaptées et des infrastructures solides sont indispensables.

Des politiques nécessaires, mais l’action ne doit pas attendre

Le ministre des Communications et de l’Économie numérique de la Gambie, Ousman Bah, a souligné l’importance d’établir des politiques pour encadrer l’usage de l’IA et limiter ses risques. Toutefois, il a insisté sur le fait que l’Afrique ne doit pas attendre l’élaboration complète de ces régulations pour adopter cette technologie en pleine expansion.

L’IA, qui repose sur l’intelligence des machines et des logiciels, transforme déjà de nombreux secteurs à l’échelle mondiale. Les projections montrent qu’elle pourrait contribuer à hauteur de 15 700 milliards de dollars à l’économie mondiale d’ici 2030, dont 1 200 milliards de dollars pour l’Afrique. Cela représenterait une augmentation de 5,6 % du PIB du continent.

Placer l’humanité au centre de l’IA

Fayaz King, Directeur exécutif adjoint du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), a souligné que les stratégies entourant l’IA doivent prioriser l’intérêt public à toutes les étapes, du développement à l’utilisation. Selon lui :

« Dans le domaine de l’IA, nous devons gouverner avec l’humanité en tête. Ce que l’IA donne, elle peut également le reprendre. »

Il a également insisté sur l’importance d’inclure les communautés marginalisées dans les initiatives d’IA pour réduire la fracture numérique et maximiser l’impact social de cette technologie.

Encourager les PME et démocratiser les données

Pour Baratang Miya, Directrice générale de Girlhype Coders Academy, les gouvernements africains doivent adopter une approche équilibrée entre réglementation et encouragement des parties prenantes, notamment les petites et moyennes entreprises (PME), afin de stimuler l’innovation.

Elle a insisté sur la nécessité pour l’Afrique de collecter et d’héberger ses propres données, tout en établissant des cadres éthiques autour de la confidentialité, de la transparence et de la sécurité des systèmes d’IA. Selon elle, des infrastructures fiables, comme l’énergie et le cloud computing, sont des prérequis essentiels.

« Nous avons besoin de données qui reflètent les réalités africaines. Cela permettra non seulement de donner du pouvoir aux citoyens, mais aussi d’encourager l’innovation et l’efficacité. »

Une participation active aux forums mondiaux

Sandra Makumbirofa, économiste principale chez Research ICT Africa, a souligné le potentiel transformateur de l’IA pour stimuler l’inclusion financière, créer des emplois et améliorer les services publics en Afrique. Cependant, elle a mis en évidence un problème crucial : la plupart des systèmes d’IA développés à l’étranger ne tiennent pas compte du contexte africain en raison du manque de données locales incluses dans leur formation.

« L’IA utilisée en Afrique, mais conçue ailleurs, est souvent mal adaptée à nos besoins spécifiques. Pour changer cela, il est essentiel que les pays africains soient représentés dans les discussions mondiales sur l’IA. »

Investir dans l’infrastructure pour tirer parti de l’IA

Claver Gatete, Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique, a rappelé que l’infrastructure reste un défi majeur pour l’adoption de l’IA sur le continent. Avec 1,6 milliard de personnes non connectées dans le monde, l’Afrique reste l’une des régions les plus touchées par le manque de connectivité Internet.

« Sans connexion, il est impossible de parler d’IA. Nous avons besoin d’investissements dans l’énergie et les infrastructures informatiques pour combler ce fossé. »

L’Afrique à un tournant décisif

L’intelligence artificielle représente une opportunité historique pour l’Afrique, mais son adoption réussie dépendra de l’équilibre entre innovation technologique, politiques adaptées et inclusion des populations marginalisées. En investissant dans des infrastructures solides et en développant une gouvernance éthique, le continent pourra exploiter pleinement le potentiel de l’IA pour favoriser la prospérité et réduire les inégalités.