La blockchain est de plus en plus perçue comme un vecteur de transformation en Afrique, particulièrement dans les domaines financiers, agricoles et gouvernementaux. En 2023, la cryptomonnaie a généré près de 1,5 milliard de dollars de transactions en Afrique subsaharienne, une somme qui pourrait doubler d’ici 2027, selon Chainalysis. Avec plus de 400 millions de personnes non bancarisées sur le continent, la blockchain semble être une solution viable pour améliorer l’inclusion financière. Elle permet à des millions de personnes de participer à l’économie numérique, via des cryptomonnaies ou des solutions décentralisées.
Les cryptomonnaies connaissent une adoption rapide, notamment dans des pays comme le Nigeria, qui représente le plus grand marché de la cryptomonnaie en Afrique, avec des transactions d’une valeur de 560 millions de dollars en 2022. Des startups comme Yellow Card, Bitmama et BitPesa facilitent cet accès, permettant aux utilisateurs d’échanger des cryptos et de payer via des systèmes décentralisés. Cependant, la régulation de ces actifs reste floue. En 2023, environ 17 pays africains ont introduit des législations encadrant la cryptomonnaie, mais d’autres, comme le Maroc, ont choisi de l’interdire. Le Nigeria, malgré son statut de leader, a même tenté d’interdire l’utilisation de la cryptomonnaie avant de revenir sur sa décision en 2021, créant une incertitude pour les investisseurs et utilisateurs.
Mais la blockchain ne se limite pas aux cryptomonnaies. Elle trouve aussi sa place dans des applications telles que l’agriculture, la gestion foncière et l’identité numérique. L’Afrique, avec ses ressources naturelles abondantes, peut tirer parti de la blockchain pour créer des chaînes d’approvisionnement transparentes. Des projets comme Agrikore, une plateforme de blockchain dédiée à la traçabilité des produits agricoles, ou FlexID, qui permet une gestion décentralisée des identités numériques, témoignent du potentiel de cette technologie pour résoudre des problèmes structurels.
Le marché des solutions blockchain en Afrique était évalué à $3,5 milliards en 2023 et devrait atteindre $10 milliards d’ici 2030. Ces chiffres montrent un intérêt croissant et une adoption qui se multiplie, notamment dans des pays comme l’Afrique du Sud, où le gouvernement explore la blockchain pour les élections et la gestion des terres.
Cependant, des obstacles persistent. La méfiance des gouvernements, l’absence d’infrastructures adaptées, ainsi que des problèmes d’accessibilité à Internet (seulement 28% de la population africaine utilise Internet à haut débit) freinent une adoption plus large. De plus, la volatilité des cryptomonnaies et la spéculation qui les entoure posent des risques pour les utilisateurs.
Malgré cela, la blockchain continue de séduire. De nombreux experts estiment que sa capacité à garantir l’impartialité, la transparence et la sécurité des transactions pourrait résoudre des problèmes graves, notamment la corruption, la fraude et l’exclusion financière.
En somme, la blockchain en Afrique représente un véritable levier d’innovation et de développement économique. Mais pour qu’elle devienne un moteur de croissance durable, il faudra surmonter les obstacles de régulation, d’infrastructures et de méfiance, tout en assurant que les bénéfices de cette technologie profitent à tous les citoyens, et pas seulement aux acteurs économiques dominants.